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Les critères
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Le critère de la capacité d'autocritique, ou de la lucidité politique

L’étude des ONG / Les critères

 
 

Le critère de la capacité d'autocritique, ou de la lucidité politique


Le dernier critère consiste à étudier la capacité d'analyse et d'autocritique d'une ONG, c'est-à-dire son aptitude à :

-évaluer l'incidence, dans le contexte local, de ses actions avant, pendant et après une mission ;
-estimer la qualité de ses prestations indépendamment de la logique contractuelle des bailleurs ;
-corriger le tir au cours d'un programme et, éventuellement, renvoyer les éléments dévoyés, à titre individuel, dans des affaires d'abus sexuels, de vols, de violences ou de trafics d'influence ;
-se désengager des situations où, manifestement, l'aide est détournée à des fins militaires.

Il s'agit là de s'intéresser à la stratégie d'une organisation. Un soutien délibéré ou imposé à un belligérant fait toute la différence, quoi qu'il en soit, par ailleurs, des vœux pieux quant à une neutralité de toute façon impossible au vu des enjeux politiques de l'aide. Pour venir au secours de populations en danger, certains choisissent ouvertement leur camp, à l'instar des brigades internationales du côté républicain pendant la guerre d'Espagne en 1936. Leur ralliement perd alors de son sens humanitaire lorsqu'il revient à appuyer un effort militaire et ne consiste plus, simplement, à payer une dîme révolutionnaire en vue d'avoir accès aux victimes des conflits. Pareille option distingue bien le volontariat " mercenaire " des compromis d'une ONG qui, pour essayer de sauver des vies, assisterait impuissante au détournement de sa logistique à des fins militaires et se retrouverait à jouer le rôle de Croix-Rouge d'une armée ou d'une guérilla.


En étudiant la genèse d'une ONG, on prêtera donc une attention soutenue :

- aux modalités d'ouverture et de fermeture d'une mission ;
- aux exercices de lobbying diplomatique et médiatique ;
- aux relations avec les partis politiques, les armées gouvernementales et les mouvements de rébellion ;
- à la prédation des seigneurs de guerre et aux rackets des dictatures ;
- aux éventuelles discriminations en matière de soins et de distribution des vivres ;
- à l'impact de l'aide dans un pays en guerre et aux conséquences, en retour, des activités sur le terrain: détournements, enlèvements ou assassinats des travailleurs humanitaires, etc.