Les objectifs
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Le problème de fond
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Introduction
Le problème de fond
Introduction
L'aide dans les pays en guerre bute sur plusieurs écueils. Essentiellement : les problèmes de logistique ; le "syndrome de dépendance" ; le risque d'une aggravation des inégalités sociales, par exemple au profit des réfugiés et au détriment des autochtones ; la concurrence "déloyale", pour les agricultures locales, du déversement de vivres gratuits ; le détournement des secours à des fins militaires. Quelques points méritent alors d'être immédiatement précisés avant d'entreprendre une étude approfondie. D'abord, la guerre ne se limite sûrement pas au moment des combats, pas plus que la paix ne se caractérise seulement par l'absence de guerre. Dans son Léviathan, Hobbes définissait plutôt la paix comme une absence de menace de guerre. Autrement dit, le champ d'investigation de l'Observatoire ne s'arrête pas à une dichotomie douteuse entre l'urgence et le développement. Les crises peuvent se pérenniser et, inversement, des "développementalistes" se retrouvent parfois à gérer des situations d'exception. Le développement touche à deux aspects fondamentaux de l'action humanitaire, savoir la prévention des conflits et la reconstruction.
Autre précision : l'énoncé des difficultés de l'aide dans des contextes d'affrontements revient à dresser un tableau assez complexe des défis auxquels les opérateurs sont confrontés. Or le but de la recherche n'est pas de discréditer le mouvement humanitaire mais, si possible, de contribuer à améliorer le travail de terrain, quitte à informer sans se voiler la face. Un examen critique des secours dispensés par des Etats, des organisations intergouvernementales ou des acteurs privés ne paraît nullement incompatible avec des propositions constructives : il faut simplement éviter les amalgames, bien repérer les erreurs commises et ne pas généraliser indûment. En revanche, éluder les problèmes sous prétexte de ne pas remettre en cause l'ensemble du système oblige à cautionner des pratiques que d'aucuns condamneraient isolément.
De ce point de vue, le chercheur, grâce à son indépendance intellectuelle et financière, peut sans doute s'exprimer plus librement que le consultant chargé par les bailleurs d'évaluer en interne les projets que ces mêmes bailleurs subventionnent. En désignant précisément les programmes les plus risqués, l'idée est de signaler les défauts pour éviter les échecs. "L'intelligence humanitaire", ainsi que nous l'appelons, consiste à renforcer la capacité d'analyse et la "lucidité politique" des opérateurs de l'aide grâce à l'expertise de spécialistes régionaux. Sachant la rapidité de la rotation des employés d'une ONG sur le terrain, il s'agit notamment d'étudier les archives d'une mission et de rappeler la dimension historique indispensable à l'appréciation d'une situation en termes d'amélioration ou de dégradation. Sachant la diversité des cas, il s'agit aussi d'identifier les particularités, de pointer les obstacles et de mettre en balance les effets positifs et négatifs des secours. Enfin, il s'agit de satisfaire les interrogations des décideurs ou des particuliers.